mardi 26 août 2014

Urbanisme tactique, urbanisme citoyen


Source: http://www.boursenewhaven.com

Guérillas jardinières, rues ouvertes, marchés publics, mobilier urbain, aménagement d’abris, terrasses, commerces éphémères, parklets, nombre de villes en Amérique du nord sont de plus en plus assaillies de ces interventions d’urbanisme tactique. Souvent associés à une forme d’acupuncture urbaine, ces aménagements ou événements réalisés grâce à l’initiative de groupes de citoyens et d’acteurs locaux expriment la volonté de la population de revendiquer et de se réapproprier des espaces urbains problématiques, délaissés ou peu accueillants.

 La vision de Marco Casagrande, architecte et sociologue finlandais s’inscrit dans ce courant de pensée qui fait la critique des projets urbains d’envergure et prône une approche plus ponctuelle, à échelle humaine. Selon Casagrande, ces micro interventions locales sont le résultat de la manipulation architecturale de l’intellect collectif sensuel d’une ville.

Selon Jason Roberts, fondateur de l’organisme américain Better Bloc qui comprend aujourd’hui une équipe de consultants pour la promotion de projets d’urbanisme tactique, il sera dans un premier temps primordial, afin d’assurer la réalisation d’un projet :


  1. De se manifester officiellement et aborder des groupes d’acteurs locaux qui pourront faire la différence (il mentionne que la majorité des gens qui se manifestent le font malheureusement plus souvent pour s’opposer à un projet plutôt que pour proposer des solutions) 
  2. De concrétiser le projet en lui donnant un nom, une image, un logo 
  3. To blackmail yourself ou de se faire du chantage à soi-même : fixer une date et annoncer le projet pour ne pas se laisser le choix d’aller jusqu’au bout

Ensuite, Roberts mentionne 4 éléments essentiels au succès d’une intervention :

  1. Sécurité des lieux 
  2. Accessibilité des lieux 
  3. Endurance et persévérance dans la conduite du projet 
  4. Des aménagements pour les 8 à 80 ans

Ces interventions seront souvent éphémères et réalisées avec peu de moyens, en marge des pratiques formelles et du cadre réglementaire municipal. Toutefois il arrive que la révélation du potentiel du lieu d’intervention suscite l’intérêt des autorités municipales et autres acteurs qui souhaiterons voir le projet se concrétiser de façon permanente ou récurrente, comme ce fut le cas pour le projet de la High Line de New York. Véritables petits laboratoires, les projets d’urbanisme tactique s’avèrent souvent des solutions temporaires à peu de coûts à des enjeux d’actualité et peuvent ainsi permettre la concrétisation de projets par la démonstration du potentiel réel d’un lieu, stratégie adoptée entre autres par l’organisme PPS (project for public spaces). Les aménagements ou les événements proposés viennent moduler la perception d’un espace et proposer de nouvelles formes d’usages et d’appropriation pour ainsi le doter d’un certain attrait et le «remettre» à la population.

Quelques liens:

lundi 18 août 2014

La nature au service de l'économie ou plutôt la nature, c'est de l'argent!

source :  www.moimessouliers.com
Toutes les formes de vie sur terre sont importantes et nous rendent d’énormes services. Elles nous fournissent, entre autres, de la nourriture, de l’énergie et des médicaments qui sont nécessaires à notre bien-être et à notre développement. La multitude d’interrelations qui existent entre les animaux, les végétaux, les autres organismes vivants, l’eau, la terre et les minéraux, par exemple, et qui sont bénéfiques pour l’homme, constituent ce que les experts appellent les services écologiques.

Mais il n’est pas nécessaire d’être un expert pour comprendre que, même dans une ville, qui est un écosystème tout comme la forêt, la mer ou une ferme, ce sont les espaces verts, les boisés urbains, les toits verts ou les jardins communautaires qui rendent notre vie urbaine plus agréable et plus confortable. Un parc dans une ville permet de tempérer le climat de manière locale et il offre un espace de jeu aux enfants. Voilà deux services écologiques rendus par un simple petit parc : un service de régulation du climat local et un service socioculturel.

Bien que leur nombre varie selon les auteurs, il y aurait une quarantaine de types de services écologiques, regroupés en quatre catégories : les services de régulation, les services d’approvisionnement, les services socioculturels et les services ontogéniques (qui contribuent au développement de l’individu).

Les services de régulation
Ces services concernent la capacité des écosystèmes à se maintenir dans des conditions propices à la vie humaine et à contrôler certains phénomènes dangereux. Dans cette catégorie se trouve, par exemple, la capacité des milieux humides à contrôler les crues et à purifier les eaux. Les tourbières du Québec qui, en captant le carbone, aident à régulariser le climat global et à éviter les changements climatiques. Les alliés naturels comme les coccinelles rendent aussi des services de régulation aux agriculteurs et aux forestiers en aidant à réduire les populations de certains ravageurs.


Les services d’approvisionnement
Plus facile et plus évidente, cette catégorie regroupe tout ce qui permet aux humains de se nourrir (eau douce, fruits, etc.), s’abriter (bois), se vêtir (lin, soie, coton, etc.), se soigner (par exemple, le taxol, un médicament contre le cancer issu de l’if du Canada) ou se divertir (animaux de compagnie). Ces services correspondent au concept de biens environnementaux.


Les services socioculturels
Ces services procurent des bénéfices non matériels. Intangibles, ils incluent l'expérience spirituelle, le plaisir associé à des activités récréatives ou culturelles, ainsi que la valeur pédagogique de la nature. L’un des plus connus est le potentiel récréotouristique d’un espace naturel pour les activités de plein air. Saviez-vous qu’en 2009, la fréquentation dans les parcs nationaux du Québec a été de l’ordre de 3,9 millions de jours de visite? C’est un exemple éloquent!


Les services ontogéniques
Le terme « ontogénique » qualifie ce qui est relatif au développement de l’individu depuis la fécondation jusqu’à l’âge adulte. Les services ontogéniques favorisent donc le développement optimal des enfants, que ce soit celui de leur système immunitaire ou celui de leur cerveau. Par exemple, selon certaines hypothèses, les enfants qui sont plus souvent en contact avec la nature amélioreraient leur système immunitaire et seraient donc moins malades. Ainsi, ils profiteraient d’un certain bien-être psychologique qui favoriserait leur apprentissage. Vous voyez à quel point les services écologiques sont nombreux et beaucoup plus importants qu’on pourrait le penser!


Une valeur monétaire à la nature
 Et puisque nous vivons à une époque où tout peut/doit être chiffré en dollars, il existe un courant fort qui incite à évaluer la nature en termes monétaires afin de guider la prise de décisions lorsque vient le temps d'intervenir sur un écosystème.  Même la Banque mondiale considère l'importance des services rendus par les écosystèmes et exigent de plus en plus de ses partenaires
développer des outils de mesure économique pour évaluer les biens et services

écologiques.  À ce jour, toutefois, il importe de souligner que la monétisation des services écosystémiques est un procédé souvent remis en question par le grand public et que les méthodes d'estimation méritent encore d'être peaufinées.
Un petit diagramme pour démêler certaines notions liées aux services écosystémiques
source :  http://esmontreal.ca/index.php/fr/le-projet/service-ecologique

La très grande majorité des textes de ce billet sont tirés des sources suivantes :

lundi 14 juillet 2014

Il faut bien rêver des fois : un tramway aérien pour relier les futurs projets Chauveau et Auberge des gouverneurs dans l'axe Henri-IV

Utopie ou réalisme ?  Si Bordeaux, Toulouse ou Tel-Aviv considère le SkyTran comme un technologie efficace et peu dispendieuse, pourquoi ne pourrions-nous pas aussi la considérer pour deux de nos projets qui s'avèreront les plus structurants pour la ville de Québec au cours de la prochaine décennie.

 Les études qui sont menées par le MTQ pour la reconfiguration de l'autoroute Henri-IV devraient considérer ce scénario à mon humble avis.  Primo, on réduirait la pression sur la congestion routière en permettant à de nombreux usagers de rejoindre le plateau Ste-Foy et la banlieue Nord très rapidement.  L'article duquel provient cette idée fait d'ailleurs mention que le tramway aérien envisagée à Bordeaux serait plus efficient s'il était planifié comme un équipement de transport public structurant la banlieue.  Secundo, on éviterait un débat stérile sur l'opportunité d'une voie réservée.  Et Tertio, l'insertion urbaine serait facilitée par l'opportunité d'intégrer le nouvel équipement dans deux projets immobiliers d'envergure reliés par un nouvel axe de transport  à repenser complètement.

Il faut bien rêver des fois!

SkyTran, une filiale de la NASA

lundi 7 juillet 2014

Le star système des architectes et urbanistes et le conformisme de la fabrique urbaine

http://www.groupea.qc.ca/

Cette image montre le sympathique parklet aménagé sur le 3ième Avenue dans Limoilou et démontre surtout que les petits gestes d'architecture et d'urbanisme faits en synergie avec la communauté d'insertion sont parfois plus porteurs que les grands projets urbains reposant sur la personnalisation de l’action architecturale et urbaine.

Dans le débat sur la signature architecturale du futur nouveau pont Champlain, François Cardinal, chroniqueur à La Presse, fait mention dans une chronique récente que la marque de Montréal repose de plus en plus et davantage sur des micro-gestes d'aménagement et d'architecture participatifs qui améliorent la qualité de vie et l'animation et l'appropriation des espaces publiques.  Une leçon à tirer pour tous et chacun.


Et puis cette chronique nous amènent à réfléchir sur notre rapport au star-système des architectes et urbanistes et à notre volonté de vouloir naître des projets grandiloquents.  En ce sens, l'article «Distinction et conformisme des architectes-urbanistes du star-system» écrit par Géraldine Molina sur le portail Métropolitiques.eu s'avère des plus stimulants.

mercredi 2 juillet 2014

Viens jouer dehors!



Source: veilleaction.org

Les aires de jeux naturelles gagnent en popularité et font l’objet de plusieurs projets et recherches dont certains se basent sur les guides australiens Healthy by design et Space for active play. Un article récent explique que les espaces ouverts composés de végétation et d'éléments naturels favorisent le jeu, la récréation active et le développement social. Espaces de jeux et de découvertes pour les plus jeunes, ils servent également de lieux de rencontre, de marche et de détente pour les plus grands. Chez les enfants, le jeu libre actif et la proximité avec la nature permet entre autres de développer leur intérêt pour l’environnement, d’exprimer leur créativité et de renforcer leurs capacités motrices.  Plus stimulants que les traditionnels modules de jeux qui ornent nos parcs publics, ils pourraient également participer à la réduction des effets de la dépression et du déficit de l’attention.  Voici une belle piste de réflexion pour un éventuel réaménagement de nos cours d'école hyperminéralisées...

Moi, mes souliers

Marchabilité: proximité et connectivité (live-work-play)

 

Source: thebluereview.org
Soure: thebluereview.org
L’inactivité due à l’aménagement des villes serait la principale cause de la hausse du taux d’obésité en Amérique du nord, soit une croissance de plus de 23% depuis les années 1970 (1/10)  à aujourd’hui (1/3). Des études démontrent également que nous investissons 40% de plus de nos revenus en transport aujourd’hui qu'à l'époque, et consacrons ainsi une plus grande partie de notre budget à nos déplacements qu'à notre logis. Il est d’ailleurs démontré que les émissions de carbone par ménage sont plus importantes en banlieue qu’en milieu urbain.

Prônant les principes de croissance intelligente (smart growth) et de design durable (sustainable design), Jeff Speck, urbaniste et designer très présent sur la scène internationale, rappelle que notre santé et notre qualité de vie sont étroitement liés à notre milieu de vie et qu’il importe en ce sens de sortir du paradigme de la conception pour la voiture et de plutôt concevoir pour la population. Il cite en ce sens l’exemple de la Ville de Portland qui déjà dans les années ’70 posait des gestes à l’encontre des tendances de l’heure, lesquels ont permis de limiter l’étalement urbain, de réduire l’usage de la voiture (20% moins de conduite automobile que dans le reste du pays) et d’en faire une ville attractive et un milieu de vie et de travail recherché :
  • Établissement d’un périmètre d’urbanisation
  • Aménagement de rues étroites
  • Programme d’investissement dans le réseau cyclable plutôt que dans les infrastructures autoroutières 


Et vous, vos souliers?

 

Source: portlandoregon.gov
Source: portlandoregon.gov
Le site The walk score évalue la marchabilité des quartiers  d'Amérique du nord, du Royaume-Uni et de l'Australie selon la présence de diverses composantes :
  • Un centre (une rue principale ou une place publique)
  • Des gens (une masse critique pour la prospérité économique et une desserte efficace en transport en commun)
  • Une mixité des usages et une mixité sociale
  • Du design urbain à l'échelle humaine (bâtiments rapprochés de la rue, stationnement à l'arrière)
  • Des établissements scolaires et des lieux de travail
  • Des rues complètes, aménagées pour cyclistes, piétons et transport en commun

Le Health and Community Design Lab de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) s'est de son côté basé sur 4 éléments de référence pour la réalisation d'un index de marchabilité, un outil pour mesurer les caractéristiques des quartiers les plus favorables aux modes de déplacement actifs: 
  • Densité résidentielle
  • Densité commerciale
  • Mixité des usages 
  • Connectivité (selon le nombre d'intersections et de sentiers)

La lutte à l’étalement urbain est un sujet de l’heure et la banlieue en est la bête noire, toutefois la solution ne résiderait pas tant dans ce mouvement contre l’étalement urbain mais dans le changement de nos habitudes et de nos modes de vie. Selon Speck, le geste le plus vert à poser consiste à habiter un quartier marchable, à se libérer de la dépendance à l’automobile en rendant nos villes plus marchables et plus agréables, bien au-delà de l’acquisition de tous les gadgets recyclés ou écoénergétiques.

Présentation TED de Jeff Speck, The walkable city
Un peu de lecture du même auteur : 
  • Suburban nation : The Rise of Sprawl and the decline of the American Dream
  • Walkable city : How downtown can save America, one step at a time
  • The Smart Growth Manual



lundi 12 mai 2014

La densité est-elle vraiment un obstacle à la qualité urbaine (densité réelle versus densité perçue) ?


Enfin, un article court et simple qui vient clarifier la notion de densité.  À Québec, le débat sur la densification des quartiers centraux et même des banlieues de première couronne fait rage et pourtant, il n'y a jamais personne capable de nuancer les termes de «hauteur», «gabarit» et «densité».  Si on ajoute à cela le terme «mixité», alors là la levée de boucliers est totale!  Un article à lire sur Le Monde.